Allez, j'mets ma fanfic ici . Enjoy !
Prologue
Sur l'astéroïde SR 220, où la Fédération a installé une des garnisons de Cadets de son service de Sécurité, du haut de ses 21 ans Samus Aran rêve de porter enfin l'uniforme officiel. Comme chaque année le concours d'entrée va avoir lieu. Devenue Cadet quatre ans avant l'âge, elle fait partie des plus jeunes recrues et fait montre d'un très étonnant potentiel. Pourtant ce ne sera pas facile de remporter le titre devant la férocité de certains participants, les mystères qui circulent au sein de la Fédération elle-même et qui l'ébranlent jusque dans sa hiérarchie. Et puis, il y a cet homme étrange qui semble survoler la vie de Sam depuis des années déjà...
Samus Aran est volontaire et imprévisible. Elle n'a qu'un désir : réussir, atteindre son but.
Sa route ne fait que commencer.
Chapitre Premier: Dernier Jour de liberté
Première partieLes deux bolides accélérèrent en entamant la pente au bout de leur longue chevauchée nocturne. Ils filaient dans le silence de la nuit vers le sommet toujours plus haut des premières crêtes de bâtiment et aucun ne sembla vouloir ralentir tandis que la courbure se faisait plus audacieuse, plus verticale, plus vertigineuse, pourtant :
- Sam ! Eh oh, Sam !
La jeune femme ne l’écouta et il donna un coup de poignée sec sur son accélérateur pour rejoindre son amie par le flanc de son engin :
- Sam... Ca suffit... on rentre.
- T’es fou ? On se la fait, cette fois !
Cadeus secoua la tête en voyant le tracé de la courbe se relever devant eux et pointer vers le ciel.
- On peut pas, on va shooter un porteur... Tu sais qu’ils passent bas le soir !
- On n’est plus des gamins, Cad ! Allez, bon sang, suis-moi !
Elle baissa la visière de son casque qui se teinta de pourpre pour mieux discerner l’environnement que les détecteurs infra-rouge dessinaient à sa surface. Il l’entendit même rire tandis qu’elle enfonçait sa manette de gaz au maximum.
- Sam... nan ! Attends !
Il freina finalement et se laissa distancer. Il eut à peine le temps de poser son engin contre la paroi presque verticale que déjà l’autre bolide s’élevait vers l’extrémité du rempart de la ville. Sam poussa un cri de joie en faisant basculer l’engin en arrière pour mieux décoller. Les réacteurs perdirent d’un coup leur support, le sol disparaissant sous la moto, et Sam coupa le moteur pour profiter du bruissement de l’air sur sa combinaison alors qu’elle s’élevait au-dessus des premiers bâtiments de la mégalopole. Elle volait. Elle s’élevait un peu moins vite et ne songeait pas encore à la chute qui suivrait. Le seul sentiment qui comptait était cette plénitude presque insolente qu’elle parvenait à trouver dans cet instant infini, cette parcelle d’immensité qu’elle frôlait de la main.
Elle lâcha ses leviers de commandes pour se hisser sur ses cale-pieds. Debout sur l’engin qui atteignit le sommet de sa courbe, elle éclata de rire en soulevant sa visière. Devant ses yeux, les nuages de gaz de SR 220 s’élevaient tels des bras immobiles et protecteurs, en rempart de toute la planète. Au-delà, il n’y avait qu’un tapis d’étoiles plus vieilles les unes que les autres. Un autre monde. L’inaccessible, le fruit de ses rêves durant toute son enfance. Tout cela serait bientôt terminé...
L’engin sembla l’attirer vers le bas et elle resserra les cuisses sur la mécanique pour ne pas se laisser distancer par l’engin dans sa chute. Elle se cambra en avant et posa la main sur le boîtier central. D’un coup, le carreau de protection se rabattit sur le véhicule, lui conférant un aérodynamisme nouveau. Ainsi arrondi, elle précipita le véhicule vers les bâtiments. L’air commençait à fouetter la machine entière et elle sentit la direction se raidir, les fins battants de direction devenant de moins en moins efficace.
Cadeus ôta son casque et s’adossa au fond de son siège.
- Tu n’es qu’une gamine, Sam.
Une sirène retentit derrière lui et il fut rapidement rejoint par deux motards de la sécurité.
- Cette zone est une zone restreinte. Son accès y est interdit.
- Oui, oui, je sais, sourit Cad en fouillant sa veste de laquelle il sortit sa carte qu’il tendit en l’air pour leur montrer. Cadet Cadeus Marchal. De la division 7.
- Vous êtes seul ?
Il leva un doigt vers le ciel et l’engin de Sam leur passa devant le nez, filant vers le sol dans un vrombissement fracassant.
- C’est une folle que je coursais... Vous devriez veiller à ce qu’elle ne s’écrase pas contre un bâtiment, messieurs.
Les deux moteurs rugirent alors et les deux hommes en uniformes se précipitèrent dans le vide à la poursuite de Sam. Cadeus secoua la tête et se repositionna sur son engin :
- Allez... En route, il serait temps d’aller dormir.
Son écran s’alluma d’un coup et les yeux de Sam lui apparurent, contrariés, les sourcils blonds écrasés sur ses yeux clairs :
- Tu pouvais pas les garder près de toi ?!
Elle se retourna à l’écran et revint à lui :
- Ils me filent !
- Oui, je sais... Mais tu voulais des palpitations ! Je te conseille de leur échapper ou alors ce sera du flagrant délits et adieu l’épreuve finale !
- Tu es un salaud !
- Oui, je t’adore, moi aussi !
Il passa deux doigts sur zone de contact et l’écran s’éteignit.
- Bonne fin de soirée, l’aventurière !
Sam frappa son écran de rage et reprit lentement sa respiration en voyant le sol se rapprocher.
- Bon, eh bien, je n’ai pas trop le choix...
Elle rebaissa sa visière et fit basculer son tableau de commande, pour découvrir un central nerveux de nouvelle génération. Les fonctions se mirent unes à unes en action et un message digital lui assura le bon fonctionnement de son installation.
- Je double la mise, ricana-t-elle. Si je me fais attraper avec tout cet attirail interdit, c’est le bagne ! Go !
Elle sourit en levant un bras à leur attention, puis elle pressa l’accélérateur de moitié et son moteur se mit à trembler sous le coup de l’accélération. Elle fonçait vers le sol et elle déploya les ailes de l’engin au dernier moment, récupérant la force du souffle pour basculer à l’horizontal et s’éloigner à une vitesse gigantesque, frôlant les premiers véhicules sortis et les taxis encore vides. Elle effleura des conduits électriques et passa de justesse sous la bouche principal des évacuations qui se déversaient en profondeur sous la ville.
Bientôt, elle calma ses moteurs et se posa dans l’odeur nauséabonde qui régnait près de la décharge. Elle fit du surplace pour que ses radars, affolés par l’accélération, puissent récupérer la trace de ses poursuivants. Bientôt les deux points réapparurent sur sa carte et elle sourit.
- Et voilà ! Ils ont abandonné.
- Pas vraiment !
Elle se retourna et reçut une décharge dans le bras. Secouée, elle glissa sur son engin et tomba dans les détritus. Les deux motards se posèrent non loin et elle se releva difficilement.
- Vous êtes en état d’arrestation, clama l’un d’eux tandis que l’autre inspectait le bolide de Sam. Elle activa la protection sur sa combinaison et le central de commande se referma sans un bruit.
- C’est un appareil de la fédération, remarqua l’homme.
- Je suis cadet...
- Ben tiens... Un cadet viens de nous dire qu’il vous pourchassait !
- Et il en a rajouté, en plus, souffla-t-elle.
- Bon, on embarque tout ça, lança le premier. Appelle un fourgon. Une nuit à l’ombre devrait lui changer les idées...
Sam leva les yeux vers celui qui approchait d’elle. Elle fit un bond en arrière et il lança une décharge dans le vide, manquant sa cible et renversant son appareil qui fit un tour sur lui-même.
- Eh ! lança l’autre en prenant Sam en chasse, apprend à te stabiliser !
Sam se mit à courir entre les monticules d’ordures et finit par en escalader un pour franchir le barrage qui l’encerclait. Elle se laissa glisser de l’autre côté tandis que le policier survolait la crête et la prenait à revers.
- Pas si vite, petite ! Où penses-tu aller... à pieds ?
Sam se figea, les mains dans les déchets, prête à escalader de nouveau la paroi. Elle se mit à sourire, puis à rire. La providence venait à son secours... Sous ses doigts, un Low-G de première génération... Elle le prit à pleine main et le frappa contre le reste des déchets métalliques.
- Eh ! Elle fait quoi ?!
Le petit objet produisit un léger grincement et projeta finalement une onde tout autour de Sam.
- Et voilà... Gravité zéro, activée ! clama-t-elle en pointant l’objet vers ses poursuivants.
- Quoi ? Qu’est-ce qu’elle...
Progressivement, les monticules se décomposèrent les uns après les autres et les détritus s’éparpillèrent dans l’air échappant à la gravité qui les maintenait de force au sol. Les deux engins de la sécurité reculèrent peu à peu pour ne pas être recouverts de débris volants. Sam se glissa au sol, nageant entre les morceaux de métal. Elle se retourna avant d’atteindre une des rambardes de sécurités et jeta le Low-G vers les monticules encore immobiles de la décharge. Ainsi protégée par une nuée de détritus métalliques, elle gagna un endroit à l’abri des regards et se mit à courir vers son quartier résidentiel.
- Cadeus, pesta-t-elle en traversant les rues qui s’animaient peu à peu, tu vas me le payer ! Je te jure que je trouverai un moyen de me venger !
Deuxième PartieLa jeune femme se faufila le long des baies vitrées des autres cadets et prit un peu d’élan pour se jeter d’un bâtiment à l’autre, se rattrapant à un conduite de gaz pour se rediriger sur la droite, retombant lestement sur le balcon d’un niveau inférieur. Elle scruta les alentours et se colla à la vitre en passant sa main derrière elle, le long de la large porte fenêtre. Sous ses doigts, le digicode de son appartement...
On frappa à la vitre et elle fit volte face, alors qu’on ouvrait en grand les panneaux de sûreté. L’homme qui avait cogné à la vitre dévisagea Sam de la tête aux pieds et son masque se tendit alors qu’il souriait. Sam se pencha sur le côté, une équipe de vandales était en train de fouiller son appartement.
- Qu’est-ce que vous faites ?! articula-t-elle en direction du masque de plastique qui la fixait toujours.
Il haussa les épaules et se retourna quand un des hommes le rejoignit, avec une carte ID.
- Ma carte... Laissez ça !
Le masque observa la carte qu’il fit tourner avec dextérité entre les doigts d’une main. Puis il se retourna d’un coup, plaquant la carte sur la vitre. Il sourit encore et se passa un doigt sous la gorge pour signifier à Sam que sans ça, elle était perdue.
- Mon examen, murmura-t-elle. Cet examen, c’est ma seule raison de vivre... Qui vous êtes ?
Le masque leva une main, toujours figé devant la vitre, et les hommes coururent vers la porte d’entrée.
- Arrêtez ! Leur cria-t-elle en frappant la vitre.
Une sirène se mit à sonner ; Sam secoua la tête. Elle qui ne voulait pas se faire remarquer, la veille d’un examen où le moindre point était important. Là, c’était un cas de force majeure !
Le masque la salua bien bas, lui adressant une révérence, un pas en arrière et elle chercha autour d’elle. Elle s’empara d’une chaise et la souleva au-dessus de sa tête. Le masque s’arrêta, visiblement amusé, et la chaise heurta la vitre dans un bruit sourd qui raisonna dans le quartier. La vitre était intacte. Le voleur secoua la tête et salua Sam avant de d’enclencher la fermeture des battants métalliques.
- Une patrouille, se retourna Sam en entendant les moteurs vrombirent dans le lointain.
Elle se pencha au balcon et vit les hommes en combinaison noire s’éparpiller discrètement.
- Ca ne se passera pas comme ça, enragea-t-elle.
Les battants métallique finissaient de se refermer ; elle s’empara du tissu qui recouvrait le coussin de son fauteuil d’extérieur. Elle l’enroula prestement autour de son poing et fit un pas en arrière, projetant son coude à la hauteur de son visage. Le pas d’élan suffit à lui procurer suffisamment de puissance. Elle heurta la vitre de plein fouet et la transperça, repoussant les volets intérieurs. Elle retira son poing et fit un bond sur sa rambarde pour se propulser contre la vitre fendue. Elle traversa le panneau et roula dans son salon. La porte claqua devant elle et elle partit à sa suite dans les escaliers.
Elle gagnait du terrain et elle déboucha dans la rue, certaine de retrouver l’homme au masque. Ce sont les gyrophares des hommes de la sécurité qui la freinèrent. Elle se protégea le visage avec les bras et chercha une trace du fuyard tout autour d’elle... Comment avait-il pu disparaître ? Comment était-ce possible ?
On la poussa dans un petit local et on referma derrière elle.
- Laissez-moi sortir ! Je suis un Cadet ! Vous ne pouvez pas me garder !!
Elle inspecta la pièce : une vulgaire salle d’interrogatoire avec système d’observation ridicule... Pour qui la prenait-on ? Elle soupira en secouant la tête et se posta au milieu de la salle, croisant les bras.
- Que doit-on faire ?
L’homme qui se tenait dans l’obscurité, appuyé contre des écrans éteints releva sa manche et se massa l’avant bras, remettant de l’ordre entre les fils de son poing en acier. Il redescendit sa manche et souleva à peine le visage en direction des écrans de contrôle sur lesquels Sam s’étaient figée.
- On ne l’empêchera pas de participer à ce concours.
- Mais techniquement, elle n’est plus valide, souleva l’ancien commandant qui patientait devant les écrans, les mains dans le dos.
- Ce gang de voleurs lui a dérobé sa carte... Et elle n’est pas la première !
- Exactement. Et sans carte, elle n’est plus Cadet. Comme les autres... ils savent bien. Cette carte contient leur code génétique. La perdre revient à ne plus exister chez nous.
L’ homme de l’ombre sourit et perçut le regard de Sam dans leur direction.
- Elle a compris de quels côtés nous l’observons, regardez !
A force de concentration, Sam parvint à percevoir les mouvements des capteurs optiques qui la dévisageaient. Elle s’agenouilla et passa ses mains sous elle.
- Que fait-elle ?
- Elle veut sortir...
Sam arracha un à un les embouts métalliques des attaches de sa chaussure droite, puis elle se releva et sourit, plutôt fière de son idée. Elle passa le premier morceau sur sa langue pour l’humidifier et elle le projeta sur le premier capteur.
- Elle a masqué le capteur, lança un des soldats.
- Elle ne peut pas tous les avoir vus, se retourna le commandant.
- Et d’un, sourit l’homme de l’ombre en baissant la tête.
Un à un, Sam masqua de sa place les yeux qu’on dirigeait vers elle.
- Plus aucun angle de vue, se retourna le soldat.
Le commandant leva les yeux sur le panneau principal qui leur montrait la salle. Un faux revêtement les dissimulait et il se retourna vers l’homme de l’ombre. Ce dernier se redressa et s’approcha du mur qui les séparait encore de Sam.
- Que faites-vous ? s’étonna un soldat.
- Je vous protège... je connais le Cadet Aran, je l’observe depuis suffisamment longtemps. Vous n’avez pas idée de ce dont elle est capable.
Sam inspira profondément et regarda le dernier morceau de métal qu’elle avait en main. Elle s’approcha du mur et le plaça elle même, du bout du doigt, désirant les narguer. Puis elle se pencha vers le mur :
- C’était un test ? Vous faites quoi là-dedans ?
Le vieil homme sourit nerveusement.
- Vous m’ouvrez où je viens vous voir ? demanda-t-elle en levant le poing.
- Elle ne peut pas venir ici, ce mur est épais... Nous devons l’empêcher... de... bredouilla-t-il en reculant.
- Voulez-vous vraiment la radier ? demanda l’homme en posant une main sur le mur en question.
- Mais... la loi...
- Voulez-vous réellement la radier à cause d’un gang qui vole les cartes ID des Cadets prochainement présentés au test ? Est-ce là ce que dicte la loi, vraiment ?
Sam leva le bras et recula son poing, prête à donner à ce mur le même traitement que sa propre baie vitrée.
- Je... je... Non, vous avez raison... Ce ne serait pas juste... reconnut le vieux commandant.
L’homme sourit et posa sa main de fer contre le mur alors que Sam lançait son poing contre la paroi. Elle frappa de toute ses forces mais le poing placé derrière encaissa le coup et le mur se mit simplement à vibrer, se lézardant de toute part.
- Ou... ouvrez-lui... bafouilla l’ancien commandant encore remué par le coup. Je vais.. je vais lui parler...
- Bacchus ! le retint l’homme. Ne lui parlez pas de moi. Et... pas un mot à Altriark...
- Oui, oui, Ne t’inquiète pas.
Il sortit alors, rejoignant Sam.
- Bien, cette année, le concours va être intéressant, sourit l’homme, une main sur son avant bras métallique, en abandonnant les soldats à leur stupeur.
Et il éclata de rire.
Troisième PartieSam descendit du véhicule qui la déposa devant chez elle. Elle jeta un regard de travers à la main qui venait de la retenir à sa sortie pour lui tendre un nouveau badge :
- Soyez sur vos gardes, Cadet... Nous menons notre enquête sur ces voyous. Vous n’êtes pas la première à être attaquée.
Elle attrapa le morceau de plastique et le rangea rapidement dans sa tunique.
- J’aurais pu me défendre, seule, si vous m’en aviez laissé le temps...
Le vieil homme baissa la tête en signe de respect.
- Je n’en doute pas, mademoiselle. On parle de vous « là-haut », souffla-t-il. Et il semble qu’on parle de vous en bien. Je suis donc ces directives...
- Ah bon ? s’étonna-t-elle alors, oubliant sa rancœur. Qui peut bien parler de moi ?
L’homme se recula sur son siège et la portière se referma.
- Ne faites plus confiance à personne ! souffla-t-il dans l’entrebâillement de la vitre. A personne...
Les moteurs soulevèrent l’imposant véhicule et le propulsèrent lentement loin d’elle. Sam ne savait pas vraiment quoi penser de sa soirée... D’abord ce commando qui fouille son appartement, puis sa garde-à-vue, soupçonnée de faire partie de ce mystérieux gang, et désormais ce ton protecteur de la part d’un des hauts-chefs du conseil de discipline de la Fédération... Tout serait tellement plus simple si elle avait la tunique avec laquelle elle s’était entraînée « Là-bas »... Elle secoua la tête, comme pour chasser la foule de questions qui valsait dans son esprit. Ils avaient décidé de ne pas lui laisser le costume de force et ils avaient raison... Un jour, elle le mériterait peut-être, mais pour l’heure, elle ne devait même pas y songer... La nuit serait courte, alors il fallait qu’elle prenne le temps de se reposer.
Elle retrouva son appartement dans l’état où le gang l’avait laissé. Elle soupira en constatant le désordre et se dirigea sans y prêter plus d’attention vers sa chambre. Elle dégrafa sa combinaison à hauteur de sa poitrine pour gagner un peu d’aisance et se laissa tomber sur son lit qui se déplia mollement sous elle pour se répartir dans la pièce exiguë. Son messenger clignotait et elle tourna la tête vers l’écran vertical qu’elle effleura du bout de l’index.
- Bonjour, Chérie, je vois que tu n’es pas chez toi...
- Salut Maman...
- Je te laisse ce message pour te souhaiter bonne chance et bon courage pour le test de demain. Nous aurions aimé être là, mais tu sais que ton père est trop occupée sur les réparations de l’Antarie III. Cependant, nous ne nous inquiétons pas, nous sommes déjà fiers de toi...
- Merci, sourit-elle.
- Que dirais-tu de venir nous voir ? Je crois qu’une navette rapatrie des malades dans une semaine. C’est le moment d’en profiter, ils rejoignent ce bras de la galaxie assez rarement... Ainsi, on fêtera ensemble cette grande victoire... Je sais ce que tu vas dire...
- C’est pas encore gagné...
- Mais ce n’est qu’une formalité, pour toi... Nous le savons ! Et tu as tout notre soutien... Même si tu le sais, j’aurais peut-être préféré que tu suives tes études plutôt que de te placer dans cette école si stricte... Tu es si jeune, ma chérie... Ton père me répète encore que...
- Oui, oui... mais vous avez eu raison ! Et maintenant je me plais... On n’en a déjà parlé.
- Enfin... Si tu as trouvé ta voie, alors nous te soutenons, évidemment ! Réponds-nous assez vite qu’on réserve ta place pour ce séjour ici... Tu verras, l’Antarie approche d’une étoile assez belle, une Géante rouge que nous ne cessons d’étudier à nos heures perdues. Ce côté de la Galaxie est vraiment une mine de trésors ! Allez, on m’appelle. Bonne fin de soirée et à bientôt.
- Ciao !
Sam pivota sur son lit et ôta maladroitement les bottes de sa combinaison. Une vingtième année se terminait. Bientôt, elle ne compterait plus les ans, son diplôme en main. Elle sourit et ferma les yeux sur son plafonnier à peine lumineux. Elle n’était plus qu’à deux doigts de ce qu’elle avait toujours voulu faire. Pour elle, être agent de la sécurité dans les rangs de la Fédération, c’était plus que faire régner l’ordre sur des rochers de secondes zone comme SR 220. Elle savait qu’avec ce qu’elle avait appris jusque là, dans les confins d’un autre système planétaire, elle pourrait vite intégrer les rangs des troupes avancées de la Fédérations et partir à la conquête de mondes perdus, protéger les chefs importants des groupes solaires alentours ou peut-être même d’une autre galaxie, les accompagner, veiller à leur survie, traquer les gangs du genre de celui qui lui avait dérobé son seul passeport pour le concours d’entrée... Dénicher les ennemis de la Fédérations et protéger l’Union des Planètes Scindées. Porter sur ses épaules un véritable costume d’honneur... le costume connu et convoité, celui de la responsabilité et du respect...
Tout ceci allait peut-être enfin se réaliser...
Portée par les rêves qu’elle avait toujours fait et dont elle voyait enfin arriver la réalisation, elle commença à papillonner des yeux, la fatigue la gagnant d’un coup. Ses paupières closes, elle laissa aller ses pensées et le noir l’envahit... Elle se mit à trembler sur son lit et de légères convulsions la secouèrent. Des flashes traversaient son esprit, entre jaillissements de flammes et hurlements de terreur, courses effrénées et cieux embrasés. Des images qui n’avaient depuis bien longtemps plus qu’une ancienne saveur de vécu, leur matière partant en lambeaux, emportée par le temps... Mais elle avait vu tout ça... Et elle revit sa main tendue vers la colonie qu’ils quittaient et qui rapetissaient dans le hublot à côté d’elle. Le bonheur de ses parents en lui annonçant que bientôt elle ne serait plus seule à la maison. Et son incompréhension d’alors face à leur visage éblouissants de joie. Les mouvements étranges du vaisseau en approche de la base spatiale. Et puis l’ombre à travers le hublot et l’accélération qui les rapprochait toujours plus vite de la surface de l’architecture spatiale. Le choc... Le feu... leur course et puis de la lumière et des cris... Elle avait couru et se retourna alors, attirée par les cris de sa mère. Une immense silhouette battait des ailes au-dessus d’elle...
Elle ouvrit brutalement les yeux sur son messenger qui clignotait encore. Un soleil pointait derrière ses rideaux de métal enfoncés et elle bâilla, écrasant de l’index une larme de fatigue.
- Quand donc aurais-je le courage d’effacer ce message... murmura-t-elle, suppliant presque ce dernier de s’effacer seul. Cela remonte à tant de temps... et tant de choses sont arrivées depuis ces... quatorze années. C’est pour vous que je vais réussir ce concours. Pour vous deux, papa et maman... et pour retrouver ceux qui vous ont fait ça...
Je mettrai la suite lorsque j'aurai terminé les prochains chapitres .