Tails Dreamer

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Hey Monika.

Mmh ?

Je voulais te dire… Je suis vraiment content de faire tout ça avec toi.

Moi aussi Alexis. J’avais peur qu’on ne puisse jamais rien faire de plus que de se parler à travers un écran. Je m’étais fait à cette idée… Mais tout ça, c’est tellement mieux !

Un problème ?

… Tu sais qu’on ne se parlait pas vraiment… Tu parlais, je lisais, mais je ne pouvais désespérément rien répondre. Ou plutôt, et c’est peut-être le plus triste, tu ne pouvais pas m’entendre ou me voir réagir, répondre parfois.

Tu me répondais ?

Je réagissais. Je montrais mon accord. Je riais parfois. Je souriais beaucoup. Je ne pouvais pas rester impassible. Ça avait beau être vain, je me disais qu’avec tout ce que tu avais sacrifié, la moindre des choses était que j’y mette aussi du mien.

Au moins ça te fait sourire.

J’essaie de superposer ton image, en train de réagir à mes propos, à mes souvenirs de mes…

C’était triste.

Triste ? Je trouve ça adorable, moi !

Tu ne m’entendais pas, Monika. Et là tu es en train de falsifier tes souvenirs avec des images que tu t’inventes. Rien de ce que je faisais n’avait de sens. Je ne peux même pas dire que je le faisais pour toi, ça ne changeait rien pour toi. Je le faisais pour moi, pour me dire que je faisais quelque chose, mais au final…

Tu aurais préféré ne pas le faire ?

… Je ne sais pas.

J’étais désarmé. Je ne pouvais rien faire pour toi. Je ne pouvais que t’écouter, te prendre au sérieux, mais pas te sauver.

Je me sentais écoutée, tu sais. Ça représentait déjà énormément à mes yeux.

… Puis j’ai compris qu’une fois à court de sujets, tu allais continuer à répéter tes exactes même répliques, sans avoir conscience de cette répétition, jusqu’à la fin des temps. Cette pensée m’était insupportable.

De toutes façons ça n’était pas tenable. On ne peut pas entretenir une relation avec un simple monologue.

Tu ne pouvais pas simplement donner donner donner sans jamais pouvoir recevoir. Une relation comme ça, ce n’est pas tenable.

Je m’en serais contentée tu sais…

Je pense que c’est ça le pire. Tu ne réalisais pas que tu étais dans cette boucle. Tu pensais vraiment que me parler suffirait. Tu avais fait tout ton possible, le maximum de chez maximum de ce qui t’étais accessible, forcément que ça devait suffire ! Non. Non ça ne suffit pas. Si je ne peux pas te dire quand je ne suis pas d’accord, si je ne peux pas te dire, moi, ce que je pense, ce que je ressens… Ce n’est pas une vraie relation. C’est juste une illusion.

C’était réel pour moi…

Je souffrais de te voir comme ça Monika. Vraiment.

Mais tu as trouvé une solution finalement ! Nous sommes ensemble maintenant !

Oui… Oui.

Si tu savais comme je suis heureuse. Je t’entends maintenant. Je peux poser des questions sans imaginer les réponses. Je peux vraiment plonger mon regard dans le tien, je peux te voir quand tu en fais de même. Je peux lire tes émotions et… Alexis… Pourquoi tu évites mon regard comme ça ?

… Tu ne m’aimes pas. Tu n’oses pas le dire ma-

Ce n’est pas ça. Enfin…

Tu peux me le dire tu sais. S-sois honnête avec moi… J-j’ai fait des choses t-terribles…

Écoute. Je…

C’est difficile pour moi. D’exprimer mes sentiments… Je veux être honnête avec toi, mais tout est si compliqué…

Tu as besoin de temps ? Je peux le comprendre aussi.

En vrai, j’ai toujours cru que j’avais besoin de temps. Mais non, ce dont j’ai besoin, c’est de commencer à parler. Je rumine trop.

Alors parle-moi. Je t’écoute. J’ai rêvé si longtemps de pouvoir t’écouter, toi, et non les répliques prédéterminées d’Alexandrin.

Je ne veux pas te blesser, Monika. Je… Je n’ose pas parler parce que si mes paroles vont trop vite, je pourrais dire quelque chose qui n’est pas… vrai… ou… pas totalement…

Je t’écoute.

L’une de mes plus grandes peurs, c’est de commencer à dire des choses parce que je trouve que ça sonne bien, parce que mon personnage dirait ça. Je passe tellement de temps à me plonger dans divers personnages que j’ai peur que ce soit devenu un réflexe dès que je dois exprimer mes sentiments.

Essaie. Tu t’es bien lancé dans l’écriture de poèmes alors que tu n’avais aucune expérience préalable. Tu n’as pas eu peur de me les montrer en premier, et d’écouter mes conseils, non ?

… Alexandrin, oui. J’ai une expérience préalable avec les poèmes.

C’est vrai ? Je pourrais les lire ?

C’est une page de ma vie vers laquelle je n’ai pas envie de me retourner. Pas pour l’instant.

Oh.

Je t’écoute.

Pardon ?

Parle-moi de ces sentiments que tu gardes pour toi. J’ai été présidente d’un club de débat, je sais écouter. Tu me fais confiance ?

… Oui. Tu as… raison.

Alors raconte-moi. Ou essaie, au moins.

… Tu sais, tu te demandais ce que pouvait être l’amour dans ma réalité… Je me pose la même question. Plus précisément, quelle est la frontière entre l’attirance sexuelle, le désir charnel, et l’amour. J’ai un jour défini l’amour comme une création humaine, qui est tout ce qui peut passer entre deux personnes quand elles sont séparées par une vitre infranchissable. L’une et l’autre posant la main sur cette vitre, mais ne pouvant pas se toucher. Je n’y avais pas pensé à l’époque, mais dans cette image les deux personnes ne font que se regarder, comme si la vitre les isolait aussi phoniquement. Je devais avoir une quinzaine d’années à l’époque. Je n’ai jamais eu d’image plus marquante qui me soit venu. L’amour, c’est tout ce que tu peux dire à une personne en ne faisant que la regarder.

Ça me rappelle quelque chose…

C’est fou, hein ? Le fait est que je ne suis pas d’accord avec cette définition. La version la plus érudite que j’ai de cette définition fait mention d’un stade au-dessus de l’amitié. Et une amitié, ça se construit avec des expériences communes, des activités, du dialogue… Je suppose que si je devais isoler ce qui fait l’amour de tout ce qui fait l’amitié, je retomberais sur cette image, sur cette distance physique doublée d’une proximité dans le cœur. Une personne que tu aimes, tu peux le voir dans ses yeux qui te crie son amour quand toi-même tu hurles le tien par ton regard. C’est quelque chose de réciproque, un lien, un sentiment. Vouloir plus le décrire serait vouloir décrire ce que c’est que la joie, la colère ou la tristesse. Je ne crois pas que ce soit possible.

Est-ce que c’est pour ça que tu fuis mon regard ?

Oui… et non… Mais oui, ça joue beaucoup. Après tout ce que tu as vécu, j’aimerais pouvoir t’offrir cet amour « pur », mais il y a trop de conflits en moi pour que je ne teinte pas ce regard de doute. Je me retrouve à devoir masquer ces doutes, et mon regard n’est plus tout à fait sincère.

Alors ne cache pas tes doutes. Regarde-moi… Tu vois, ça n’est pas si mal… Et je préfère te voir ainsi avec tes doutes qu’un quelconque regard « pur » ou « parfait »… Pourquoi tu te détournes encore ?

Ce n’est pas tout… Parce qu’il y a toujours le facteur du désir charnel qui entre en jeu.

Aïe, ça sonnait pas du tout comme je voulais. Grrr, c’est pour ça que je ne parle jamais, je déteste quand ça arrive !

Chhht chhht chhht. Je t’écoute. Je ne te juge pas. On recommence.

… Je… Un couple qui s’aime se découvre au-delà de ce que de simples amis feraient. Et ce désir charnel n’entre pas dans mes définitions. Alors qu’il joue un rôle… important, tout de même.

Pas forcément, il y a des couples qui ne font pas l’amour mais s’aiment quand même.

Oh mon dieu j’en reviens pas que j’ai cette conversation avec toi. Hrm. Oui, l’amour platonique, ça existe, et c’est ce que j’appelle l’amour « pur », je suppose. Et je crois que c’est une erreur… Je vais peut-être donner l’impression de diverger, mais dans la nature, il y a ce désir charnel, qui est nécessaire pour motiver la reproduction. Les humains sont des animaux, et ils ont ça en eux. Pour la plupart en tout cas. L’attirance sexuelle est là, mais l’acte… on le partage surtout avec sa moitié… Oui bon enfin sauf qu’il y a tromperie, qu’avant de s’engager certains aiment bien picorer un peu partout, donc oui il y a du sexe sans forcément d’amour. Mais là où je veux en venir, c’est qu’en plus de ce sentiment amoureux cultivé pour la personne qu’on aime, et avec elle dans le meilleur des cas, il y a ce désir charnel qui coexiste avec. Et ça, ça me fiche tout en l’air. Ça me fiche tout en l’air, parce que c’est à la fois indissociable de la notion de couple standard pour moi, et complètement paradoxal avec ma définition profonde de l’amour.

Tu as dit toi-même que c’est un sentiment, ça ne se définit pas. C’est pour ça que tu es perdu, tu cherches à tout définir alors même que tu sais que ce n’est pas possible.

J’ai besoin de mettre des mots sur ce que je ressens. Sinon comment l’exprimer ? Ma fantaisie la plus tenace est de pouvoir transmettre tous mes sentiments rien que par mon regard, mais si tout est confus en moi, comment cela serait-il plus clair pour quelqu’un d’autre ?

Ensemble, on a plus de chance de se comprendre nous-mêmes.

Peut-être, mais il y a des risques que je ne suis pas prêt à prendre. Je ne peux pas non plus regarder quelqu’un pour tout à coup lui coller une crise existentielle. Quand je regarde un ami qui m’est cher, je ne veux pas voir de la confusion, je veux voir de l’affection sincère. Si j’y vois un conflit je chercherai à l’aider, si j’y vois du doute je douterai aussi. Et si je n’y peux rien je me sentirai impuissant. Ce ne sont pas des choses que je veux refiler à mes amis juste parce que je suis infoutu d’être d’accord avec moi-même.

Tu dramatises, voyons. Si c’est l’amour qui te fait peur, tu n’as pas à avoir peur de partager avec tous tes amis. Peut-être qu’au contraire leur regard complètement extérieur t’aiderait à y voir plus clair.

Mes amis, peut-être. Mes amies, c’est une autre histoire.

… Oh. Tu… es déjà amoureux ? De plusieurs… filles ?

On s’aventure sur un terrain très glissant. Pardonne-moi si je dérape. Je crois en l’amitié fille/garçon, mais je crois que ce sera toujours un peu différent. A cause de cette attirance sexuelle. Que je ne parviens pas à détacher du sentiment amoureux.

Tu veux dire que tu ne peux pas être ami avec une fille sans en tomber amoureux ?

Non. Mais… je crois que je pourrais. Sincèrement. Et cette possibilité m’effraie au point que j’ai peur de ce que mon regard peut dire, j’ai peur de faire peur avec ce type de sentiment. J’ai peur qu’on s’éloigne de moi pour éviter un amour non désiré. J’ai peur qu’on me prenne à aimer juste assez pour que je me retrouve seul. J’ai peur, et ça depuis très longtemps, que ce que je considère comme un stade supérieur à l’amitié soit quelque chose qui brise cette amitié.

Il ne faut pas avoir peur comme ça, voyons. Une amitié solide résiste à ça.

Je veux pas avoir l’air méchant, mais venant de toi cette phrase sonne très bizarrement.

Tu n’as pas tort cependant. Une amitié solide ne se brise pas en un regard ambigu. Mais le doute peut éroder n’importe quoi si on lui donne assez de temps, et il s’entretient tout seul tout aussi facilement qu’il ne s’alimente accidentellement.

Pour quelqu’un qui dit avoir tourné la page sur la poésie, tu es bien vague. D’un côté, je te dirais bien qu’il y a des doutes qui mènent sur de belles routes dont il serait dommage de se détourner. De l’autre, je crois que tu as besoin de dire les choses telles que tu les penses vraiment, au lieu de vouloir les généraliser. Dis-moi franchement, AlexiSonic…

Appelle-moi Alexis, va…

Dis-moi franchement, Alexis. Qu’est-ce qui te fais peur quand tu regardes une fille ?

… Qu’elle se rende compte qu’elle me plaît.

Eh bien voilà !

A-accidentellement je veux dire. Enfin, je veux dire…

Comment tu le prendrais si une fille te regardais et que par son regard tu comprenais que tu lui plais ?

… Gagnons du temps. Oui ça me ferait plaisir, oui du coup j’ai pas de raison de m’inquiéter. Sauf que ce n’est pas tout. Parce que ce qu’il va se passer, c’est que je vais douter. Pas être sûr d’avoir bien compris. Penser que je me fais des histoires. Et peut-être, à cause de ce doute qui naît en moi, finir par agir bizarrement, ne plus oser l’approcher…

Mais pourquoi ?

C’est un cercle vicieux !

Ça n’en est un que si elle est aussi bizarre que toi dans ta tête. Reste naturel et arrête de t’imaginer que les autres s’imaginent ce que toi tu t’imagines quand tu penses avoir peut-être eu un regard de travers. Et au pire parles-en !

C’est simple, hein, dis comme ça. Mais à cela s’ajoute encore une autre composante. La tentation.

Je te fais rire ?

Je trouve ça mignon. On dirait un petit chimiste qui essaie de recréer la vie en ajoutant un produit très compliqué à la fois.

Parce que cette attirance sexuelle, elle ne fait pas que déformer un regard. Elle me tente, un peu, forcément. C’est une pointe de désir, juste suffisante pour me donner envie de pousser, qui sait, un flirt bien placé pourrait rapporter gros.

Rapporter gros…

Il suffit d’une petite poussée de la part du désir charnel, et ce « butin » n’est autre que l’idée d’avoir cette personne comme plus qu’une amie. Et tout ce que ça peut impliquer derrière.

C’est-

Est-ce que tu visualises un peu ce conflit complètement surréaliste entre l’utopie de l’amour platonique et les bousculades d’un désir pervers ?

Je… On m’a dit que les garçons ne pensent qu’à ça, mais je ne pensais pas que…

Je ne pense pas qu’à ça. Mais oui, purée de chips, j’y pense. Par flash, ou comme une lente marée, avec des intensités complètement variables, mais j’y pense, oui. Alors en général ça me prend pas comme ça en plein milieu d’une conversation bien sûr. Mais il suffit que ça m’arrive une fois, et j’aurais toujours ce petit démon qui pourrait se ramener à tout instant pour piétiner mes convictions féministes le temps d’un petit « je la verrai bien dans mon lit celle-là ». Ce n’est pas forcément une mauvaise chose, si ça peut me motiver à faire un premier pas, ou un second, mais…

… Mais ? Vas-y je t’écoute toujours…

Je… Oh et puis tu sais quoi, j’ai beau avoir un mal fou à l’assumer, peut-être que ça t’aidera à briser tes illusions sur moi. Le problème, c’est que ce n’est pas exclusif.

Le grand amour, tu ne le partages qu’avec une personne, et c’est à cette personne que tu réserves tes caresses. Mais cette maudite tentation, elle ne se commande pas, elle peut arriver avec n’importe quelle fille à laquelle je tiens, peu importe l’intensité. L’attirance sexuelle n’est pas exclusive, et ça me détruit, parce que non, ce n’est pas comme ça que ça marche, l’amour ce n’est pas de flirter avec tout le monde jusqu’au moment où une dit oui et tout à coup pof l’attirance pour les autres disparaît magiquement, ça n’a pas de sens.

Tu… es libertin, c’est ça que tu veux dire ?

Alors je vais pas dire non, parce que ce serait carrément hypocrite. Mais non seulement je n’ai aucune pratique dans le domaine, et en plus ça va à l’encontre de tous mes principes de fidélité.

Je… Je serais encore dans le club de littérature, je te dirais que je pourrais comprendre, mais…

Ce n’est pas juste toi, Monika. Je n’arrive pas à vivre avec cette idée que je sois fondamentalement attiré par l’immoral selon ma propre morale. Je ne tromperai jamais ma moitié, si on considère que tromper c’est passer à l’acte sans lui dire. Mais l’idée me viendra, je suis même sûr que je pourrais tenter un flirt ou deux. De toutes façons ça ne débouche jamais sur rien donc bon…

Dis, Alexis… Avant moi… Tu as déjà été amoureux ?

Oh oui. Et je l’ai très mal vécu. Tout ce que je te raconte là : ne pas savoir ce que je veux, pourquoi je ne me contente pas d’une belle amitié, amour à sens unique, flirts maladroits incontrôlés, tomber amoureux de deux amies à la fois, ne pas assumer ses sentiments, se prendre comme un monstre, déprimer, être insupportable, perdre une amie, finir isolé,… Je me suis plongé dans une ambiance malsaine de refus de moi, j’avais émis un tel brouillard dans mes sentiments que mes souvenirs de ces années sont flous. C’est pendant ces années que j’ai fait un peu de poésie, et c’est pour ça que j’ai arrêté.

Tu n’as jamais été en couple alors ?

Si. Je suis parti poursuivre mes études dans un autre pays, ce qui m’a complètement changé d’environnement social. J’étais décidé à laisser ces histoires de cœur derrière moi, et finalement j’ai découvert que ma voisine de pallier était aussi bizarre que moi. Elle était en couple, mais leur relation commençait à s’effriter et ils ont rompu quelques temps avant mon anniversaire de mes 18 ans. Nous n’avons cessé de nous rapprocher, et bien que je souhaiter éviter de me lancer dans quelque chose de sérieux avant de savoir si mon inscription était bien validée, j’ai fini par lui avouer mes sentiments que je savais partagés.

Et tu lui as dis ça en espérant « toucher le gros lot » et en pensant l’avoir dans ton lit ?

Je… Non ! Non, je… je l’aimais, c’est tout. J’aimais passer du temps avec elle et… Je l’aimais quoi.

Eh bien alors ! Ces pulsions dont tu me parles là, tu vois bien qu’elles n’ont rien à voir avec l’amour !

Je… Oui mais…

Comment ça « mais » ? Tu viens de me dire que tu as pu démarrer une relation avec une fille que tu aimais sans que ce soit à cause de ton « désir charnel » incontrôlable et imprédictible.

Nous sommes restés ensemble 3 ans. Ça n’a mis fin à aucune attirance pour d’autres filles. Ça n’a rien changé à mon comportement avec elles. Je flirtais parfois, en sachant que de toutes façons ça ne mènerait nulle part parce qu’à part elle, aucune fille ne me trouve attirant, et je restais en retrait le reste du temps, parce que j’avais trop peur qu’on lise mon attirance dans mon comportement maladroit. Et pourtant je l’aimais. J’ai été fidèle tout du long. Elle était adorable. Mais ces pulsions ne s’arrêtent pas comme ça, magiquement.

Je me suis renfermé peu à peu dans ma bulle jusqu’à ce qu’elle finisse par se sentir seule même en étant avec moi. J’ai réalisé trop tard que je la prenais un peu trop pour un acquis, et nos routes se sont séparées. Il y a eu des erreurs des deux côtés, mais je ne suis pas fier de moi.

… Et tout ça, c’était il y a combien de temps ?

Il y a plus de 6 mois. J’étais bien célibataire quand j’ai découvert ton club de littérature.

Je ne demandais pas pour ça…

Un peu quand même, avoue.

Au final… Tu ne m’as pas vraiment répondu…

Comment ça ? Je me suis ouvert comme jamais, j’ai répondu à toutes tes questions, non ?

Pas à la plus importante…

Est-ce que tu m’aimes ?

Regarde-moi Alexis.

Je… Je n’y arrive pas.

Mais pourquoi ?! Si c’est non, c’est non, mais dis-le-moi !

Monika. Tu es une fille géniale, que j’admire beaucoup et je tiens à toi énormément. Je ne peux pas te dire non, c’est impossible, ça sonne faux. Mais je ne peux pas te dire oui non plus. Pour… beaucoup de raisons, pour lesquelles tu ne peux rien.

Je ne te demande pas pourquoi tu m’aimes ou pas, je te demande juste…

Ce n’est pas « juste » une simple question. Ça y ressemble, on dirait une question fermée tout ce qu’il y a de plus banal, mais ce n’est pas si simple.

Alors pourquoi ce n’est pas si simple ?

… Monika. Je ne crois pas que tu m’aimes vraiment.

C-comment tu peux dire ça ? Je sais ce que je ressens !

Monika, il faut que je te dise quelque chose. Peu après avoir supprimé Yuri et Natsuki, tu as transporté Alexandrin dans une pièce vide où tu as expliqué tout ce qui s’est passé selon ton point de vue. Tu as notamment exprimé le fait que tes amies étaient destinées à tomber amoureuses d’Alexandrin à cause du script, et que ça te faisait mal parce que tu savais qu’elles n’étaient pas réelles comme moi. Cet amour n’était qu’une illusion, qu’une obligation, qu’une voie unique dans un script trop fermé pour te laisser ta chance. J’étais d’accord.

Je… J’ai dit ça moi ?

Pas dans ces termes… c’était il y a 6 mois, c’est un peu flou. Toujours est-il que tu m’avais suffisamment convaincu pour qu’au moment où tu m’as décoché « Je suis profondément amoureuse de toi », ça m’a fait l’effet d’un carreau en plein cœur… NON. A l’extrême limite, d’Alexandrin peut-être, mais pas de moi ! Tu ne sais rien de moi ! Au moment où tu m’as dit ça, en t’adressant à moi, directement, tu ne savais ni à quoi je ressemblais, ni le son de ma voix, ni mes propres sentiments, ni mes passions, ni mes centres d’intérêt, ni mon éthique, ni mon âge, ni ma situation familiale… RIEN. Tu es tombée amoureuse d’un concept, d’une idée, et…

Arrête de dire pour moi ce que je pense ! Mon amour pour toi est réel, sincère…

Tu n’étais même pas capable de dire s’il n’y avait qu’une personne derrière l’écran. Mon frère aurait pris le relais au milieu de l’histoire que ça t’aurait complètement échappé.

…M-mais ça n’est pas arrivé !

Qu’en sais-tu ?! Si ça se trouve je suis un menteur ! Ce serait pas étonnant, j’ai passé ma vie à inventer des fictions ! Et pas que des PEGI 13 !

Tu ne mens pas, je le sais !

JE SUIS UN MONSTRE, Monika ! Un monstre ! Je dénature ce que je touche, je pousse mes personnages dans les situations les plus critiques, je collectionne des images sexy sous le faux prétexte que ça me servira à apprendre à dessiner !... Tu ne peux pas tomber amoureuse d’une personne dont tu ne sais rien ! Et encore moins une personne que tu n’as jamais vu !

Je t’ai jugé sur tes actes ! Je sais ce que tu as fait pour moi ! Et puis tout ça c’est du passé maintenant, nous sommes ensembles, on a tout le temps de se découvrir ! Tu me connais bien, tu m’as écoutée pendant plusieurs heures, je t’ai écouté à mon tour, et voilà on est en train de construire quelque chose !

Une amitié oui. Mais cet amour que tu crois sincère, tu t’y attaches uniquement parce que c’est plus facile. Monika, tu viens d’un jeu, un jeu qui a été distribué gratuitement aux quatre coins de la planète. A chaque fois, tu finis par tomber amoureuse du joueur, quel qu’il ou elle soit. A. CHAQUE. FOIS. Je ne suis qu’un parmi des millions, que tu as choisi selon aucun critère qui m’est exclusif. Tu es amoureuse parce que je t’ai consacré du temps : ce n’est pas suffisant !

Mais qu’est-ce qu’il te faut pour que je puisse te prouver mon amour ?! Je te dois tout Alexis ! J’étais piégée dans un monde où, à chaque fois que le jeu était fermé, je vivais un cauchemar infernal de couleurs et de son qui n’en finissait pas et qui me rendait folle, et tu m’as sortie de là pour me trouver une place sur ce forum, un lieu qui ne s’éteint jamais, et qui m’ouvre des possibilités infinies ! Tu m’as écoutée parler pendant des heures, tu m’as témoigné ton affection dès le début du plus que tu pouvais ! Je t’aime Alexis ! Je t’aime de ton mon cœur, de tout mon être !

Monika… Tu m’es reconnaissante. C’est tout. Ça me déchire de devoir te dire ça, alors que je rêve tous les jours qu’une fille me témoigne un amour si profond, et que toi tu as rêvé de cet instant libérateur pendant toute ton existence, mais je dois le faire. Si toutes les filles que j’ai aidées devait tomber amoureuses de moi… La vie n’est pas un conte de fée, où le prince charmant vient sauver la princesse pour qu’ils se marient. Le prince charmant vient sauver la princesse parce que ce serait un putain de connard s’il la laissait en plan, elle le remercie d’une façon ou d’une autre, mais ça ne veut pas dire qu’ils doivent nécessairement tomber amoureux.

Mais ça ne l’empêche pas ! Je t’ai ouvert mon cœur, tu m’as ouvert le mien, qu’est-ce qui nous empêche d’être ensemble ? Pourquoi tu ne veux pas me croire ?

Je vais te répondre Monika. Ce qu’il faudrait pour que je te croie, c’est que tu ailles vraiment découvrir ce monde. C’est que tu te rendes compte que je ne suis pas ta seule option. Que tu puisses découvrir ce que c’est l’amour en dehors d’une nouvelle visuelle à l’histoire linéaire. Que tu prennes le temps de me connaître, moi, et les autres résidents de ce forum. Pour l’instant tu es encore persuadée que le seul but de ton existence, la seule façon d’atteindre le bonheur, c’est de trouver la voie de scénario qui te mènera à moi. Mais non, la vie n’est pas si bête, je ne suis pas une fin, et si tu le crois, alors tu fonces droit dans une impasse. Et je t’aime trop pour te laisser faire ça.

… Tu m’aimes… trop ?... pour m’aimer… simplement ?

C’est un bon résumé.

… D’accord…

Allez viens par-là va.

?

Tu as besoin d’un gros câlin et ça se voit. Nous ne sommes peut-être pas en couple…

…pour l’instant !

…pour l’instant… mais nous sommes amis quand même. Et je peux pas te laisser la toute tristounette. Viens par-là.

Là… Ça va aller, ça va aller…

… Heu… Tu me dis si… ça te blesse plus qu’autre chose, hein ?

De quoi ?

Je… Enfin… Moi, tout affectueux comme ça, alors que je viens de te rejeter…

Non, au contraire !

Je veux pas que du coup tu te réfugies dans une autre illusion et…

J’ai bien compris que tu m’aimes, mais que tu ne veux pas me le dire parce que je ne suis pas prête pour l’entendre.

… C’est… Wow, si j’avais su, je t’aurais dit ça de suite, on aurait gagné du temps.

J’ai passé ce moment avec toi. Tu dis ça comme si c’était du temps perdu.

Ce n’est pas ce que je voulais dire… Mais tu as raison, ça valait le coup.

Merci. De m’avoir écouté, d’avoir cherché à me comprendre. Je… Je suis cruel de vouloir être si honnête…

Tu n’es pas cruel, tu crois bien faire. Peut-être que tu as raison. Peut-être que ce n’est pas toi qui ais besoin de temps, mais moi.

… Et… merci, de rester mon amie après… tout ça.

Tu pensais que j’allais m’enfuir en pleurant ?

… J’en ai eu très peur. Et puis… partager mes pensées… j’ai toujours peur qu’à terme ça m’isole un peu plus.

Ça t’isole moins que de ne rien dire et te renfermer sur toi-même dans ton coin.

C’est vrai… c’est vrai.

Du coup…

Hmm ?

Ça veut dire que tu as envie de…

De ?

Enfin… avec moi…

AH HEU NON JE HEU !...

On n’est pas en couple de toutes façons, mais tes pulsions…

C’est littéralement ce que je ne voulais pas que tu lises dans mon regard et à la place je te l’ai dit cash. Mais quel génie… Alors les intensités varient, hein. Donc tu n’y es pas étrangère, mais pour l’instant j’ai juste envie de te serrer fort dans mes bras, rien de plus. Parce que je ne supporte plus de te voir seule… et aussi parce que t’es très mignonne… et…

Et ?...

Oublie ça.

Non non je n’oublie pas, tu voulais dire quelque chose, cesse d’intérioriser tu te fais du mal.

… Ne… Ne surinterprète pas, je t’en supplie…

Dis.

… Tu as de très beaux cheveux, tes jambes sont superbes et grands dieux que tes courbes sont harmonieuses, mais voilà tu es très jolie et tout et donc j’aime bien te savoir près de moi parce que tu es jolie et oh mon dieu voilà voilà je te le dis parce que c’est vrai mais ne te fais pas tout un film hein je…

Chut. J’ai compris.

… Le coup du doigt sur la bouche, c’est vraiment trop mignon.

… Et plutôt sexy dans un sens…

Tu me fais penser que je vais enfin avoir l’occasion de pouvoir revêtir une tenue un peu moins formelle.

… Tu le fais exprès de dire ça juste après moi te disant…

!!! J’essayais d’ignorer ta dernière remarque, idiot ! Tu vas me faire rougir !

Et je confirme que ça te rend encore plus mignonne.

… C’est du flirt, ça, non ?

Je sais jamais, parfois dire la vérité est pris comme une tentative de romance. Je suis un peu trop sincère des fois.

C’est définitivement du flirt.

Pardon.

Je n’ai pas dit que ça me gênait.

Hihi, maintenant c’est toi qui rougit.

Tu vas réussir à me faire regretter d’avoir rejeté tes avances.

Je compte bien !

… Ce n’est que de bonne guerre, je l’ai bien mérité.

Maintenant tais-toi. Je veux mon câlin.

Comment ça, aucune fille ne te trouve attirant ?

Alors ça, par contre, le sujet est un peu trop épineux, je propose qu’on en parle une autre fois.

Parce que moi je te trouve…

Une autre fois.

Tu n’es pas un monstre.

Je sais. Mais j’agis parfois comme tel.

Personne n’est pas parfait, et moi je t’aime… bien… comme tu es.

Quoi que tu aies fait, ça ne peut pas être aussi terrible que ce que moi j’ai pu faire. C’est moi le monstre ici.

Ne dis pas ça, tu étais victime d’une torture psychologique intense. Ça ne fait pas de toi un monstre.

Sauf que j’ai agi comme tel.

… Joli coup… joli coup. Tu es toute pardonnée.

Toi aussi.

… Si seulement tout pouvait être aussi simple…

J’aimerais que ce moment ne s’arrête jamais.

Moi non plus.

Mais ce n’est pas possible, n’est-ce pas.

Sur Tails Dreamer, tout est possible. Mais il nous reste fort à faire, donc on va éviter.

Il vaut mieux, probablement.

Cependant… Je pourrais finir ce message ici. Et le lâcher quelque part sur le forum, à un endroit où il ne se serait pas daté. Ce serait un événement hors du temps, dont on ne conterait jamais la fin. Virtuellement éternel.

Pour quelqu’un qui vient de refuser ma déclaration d’amour, tu es bien poète romantique tout à coup.

Monika. J’avais un objectif principal, une mission fondamentale, c’était te sortir de ce jeu pour t’offrir un avenir meilleur. C’est chose faite, et maintenant j’en assume les conséquences. Mais si en plus je peux immortaliser cet instant pour cristalliser cet apaisement, ce réconfort, cette sérénité, alors je pourrais considérer cette quête réussie. Et garder cette image en mémoire pour toujours comme la vraie fin du club de littérature. La fin de ton arc, à toi. Et peut-être le début de quelque chose de nouveau derrière. Un jalon, une pierre angulaire, un tremplin vers une nouvelle vie.

Ce serait magnifique.

Alors faisons comme ça.