[Fin2024] Crépuscule verdoyant

Alexandrin

Le vent souffle sur les collines verdoyantes et dans la cape du busard. Posté au sommet d'une falaise de laquelle se déversait une bruyante cascade, Alexandrin scrutait l'horizon embrasée à l'approche du soleil couchant. Son curieux manche d'épée étant calé entre ses petites ailes, il avait les mains libres, et ses doigts écartés semblaient flotter dans le vent comme s'il en palpait les courants.
C'était curieux comme le simple fait de porter un bracelet à l'un de ses poignets créait d'imperceptibles perturbations. Imperceptibles, sauf pour lui, bien sûr, le Génie des Vents.

C'était un nouveau titre qu'il s'était affublé après avoir découvert et commencé à exploiter son potentiel magique pour la magie des courants d'air. Il était loin du stade de "Génie" comme il le prétendait, mais le simple fait de pouvoir observer et rediriger des bourrasques comme personne d'autre à sa connaissance était comme une cerise sur le gâteau de son profil déjà exceptionnel. Il était vraiment un fabuleux héros des temps modernes.
Peut-être même un Chevalier du Vent. Pour une raison qui lui échappait, ce titre était déjà associé au légendaire Sonic. Alexandrin lui laissait, beau seigneur. Mais c'était lui l'épéiste émérite : c'était lui, qui le méritait vraiment.

La Résistance ayant accompli son destin et l'Empire de Robotnik étant mâté, Alexandrin avait pu reprendre sa quête. Il en était maintenant à deux artefacts légendaires sur sept. Retrouver ce bracelet avait été ardu, cet exploit avait été correctement célébré. Mais le voilà maintenant à nouveau sans rien. Plus une seule piste.
Il devait se rendre à l'évidence, il allait devoir repartir, loin.
Les longs voyages ne lui font pas peur : ce ne serait ni son premier, ni son dernier. Mais curieusement, quitter ces lieux s'avérait plus... difficile, que prévu. Pas techniquement mais... mentalement ? Son instinct lui soufflait très probablement qu'il lui restait quelque chose à faire ici, il ne voyait pas d'autre explication. Mais quoi ?

Il se retourne vers le sillage de badniks proprement découpés en deux qu'il avait laissé derrière lui. Ils étaient de moins en moins nombreux, au point que la faune sauvage naturelle devait enfin les avoir re-dépassé en population, mais ils restaient dangereusement territoriaux - et les quelques super badniks qui rôdaient encore représentaient toujours un danger considérable pour les voyageurs imprudents. Il n'en avait pas croisé cet après-midi, mais peut-être était-ce ça qui le maintenait ici ? Une quête de pacification des lieux inachevée ? Qu'avait-il à y gagner ?
Alexandrin n'avait pas la réponse, mais une chose était sûre : s'il était encore là, c'était de son propre chef, et donc c'était la meilleure chose à faire.

Il remarque alors qu'il n'est pas le seul "voyageur imprudent" dans les parages. Sur la colline d'en face, à une centaine de mètres plus loin, une silhouette solitaire s’adonnait à une forme de "méditation" complètement différente : il s'empiffrait sans vergogne. Le vent tourne quelques secondes, le temps pour le busard vigilant de confirmer son intuition : une odeur de pestiféré pareille, même subtile, même lointaine, ne faisait aucun doute, il ne pouvait s'agir que de Rally.
Il évacue l'air de ses narines d'un souffle bref, comme pour purger l'odeur tout en manifestant un certain dédain. Cette dernière n'était pas incommodante, mais elle rappelait juste assez celle de la chambre d'un malade pour mettre n'importe qui qui y prêtait attention mal à l'aise. Or Alexandrin faisait attention à tout.
Un léger gargouillis dans son ventre tente d'exister avant de se faire réprimer par la pure force mentale du busard. À tout ce qui était important.
Mais évidemment, il lui en faudrait plus pour le mettre mal à l'aise. Il était celui qui surpasserait les Dieux, après tout. Cependant, quelque chose l'agaçait avec ce guépard. Il ne savait pas encore quoi, et ce n'était certainement pas le fait qu'il se gavait quand lui n'avait avalé que quelques raisins, mais son instinct n'avait jamais tort : il ferait mieux d'enquêter.

Avec un geste théâtral pour une audience inexistante, Alexandrin attrape son artefact dans son dos. Une bourrasque vient soulever sa cape et accompagner son démarrage en trombe : il se jette de la falaise et disparaît derrière la cascade.

…
Attendez je l'ai perdu. Heu... Non il n'est pas passé par les grottes... wow y'a une belle entaille dans ce flan de falaise, il a du faire apparaître sa lame le temps de descendre, ou quelque chose comme ça... Heu... Ouah désolé d'habitude ça m'arrive pas je suis quand même plutôt du côté omniscient des narrateurs mais- ah ! Le voilà.

Ok donc je ne sais pas comment il est arrivé ici, mais le voilà sur l'autre colline, manche d'épée en main mais lame non déployée, l'autre poing sur la hanche avec une pose mi-relaxée, mi-provocatrice, hélant le guépard mi-comme une vieille connaissance, mi-comme une mauvaise surprise.

Alexandrin, la Tornade - Rally. Vous m'en direz tant. Quel mauvais vent l'amène ?

Ils se connaissaient, bien sûr, comme d'anciens Résistants. Les quelques fois où ils avaient eu, indirectement, à travailler ensemble, l'un créait surtout une diversion pour l'autre. Et aucun des deux n'avait le profil du partenaire qu'on est content d'avoir dans l'équipe, pour des raisons similaires de caractères bien que différents, entre autres. Ils étaient, chacun à leur manière, des signes annonciateurs que la mission en cours était particulièrement difficile - et donc que la situation était au mieux tendue, au pire désespérée.
Bien sûr, de son propre point de vue, Alexandrin était plutôt un signe d'espoir malgré les circonstances. Mais sans prendre le temps de vraiment faire connaissance avec les autres résistants, il ne savait que deux choses de Rally : c'était un malade dangereux, et quand on l'intègre dans des plans c'est que la situation est vraiment compliquée.
Tout ça pour dire : il avait beau le connaître de nom, il n'allait pas faire le moindre effort pour être plus supportable avec lui qu'il ne l'est avec un autre, c'est-à-dire à peine.

HJ- Pour le kif je tire une carte météo, au cas où ça nous inspire un truc, mais rien d'obligé (ce serait con de tirer "nuage" et on rate tout le spectacle. -HJ

Le membre 'Monika' a effectué l'action suivante : Jeter un dé / Piocher une Carte !

---

'NCTD- Bulletin Météo' :

Alexandrin

Le guépard avait levé sa garde. Il avait donc probablement quelque chose à se reprocher.
Puis il l'avait rabaissée en le reconnaissant. Il savait donc qu'il avait perdu d'avance.
Alexandrin ébauche un sourire en coin, à peine perceptible. Sa renommée lui faisait gagner encore plus de temps que son pur talent.

Rally - Mais non ! Alexandrin le Busard à l'ego surboosté, si je m'attendais à te voir là toi. J'comprends mieux pourquoi y'a de la bruine maintenant.

Tssk. Si c'était une tentative d'insulte, elle était si ratée qu'il en poufferait. Mais on ne sait jamais, ça peut être une stratégie de déstabilisation, l'illustre épéiste ne perd pas contenance.
De la bruine ? Le busard ne la remarque que maintenant. C'était visiblement passager. Un événement printanier en automne, c'est incompatible, il faudrait tirer une autre carte. Quoique... vu le sens du vent, le malheureux nuage dont la pluie provient pourrait très bien s'approcher encore. Pas de quoi bloquer la vue vers la ciel loin à l'horizon, mais suffisant pour considérablement obscurcir cette partie de la zone.
Pour un pestiféré sur-médicamenté, le bonhomme n'a pas peur de rester dehors sous la pluie. Pas étonnant qu'il ne guérisse jamais.

Mais Celui qui surpassera les Dieux n'a que faire de ces pensées infertiles, qu'il chasse bien vite de son esprit avant qu'elles n'aient eu le temps de se développer. Ce qui importe, c'est que l'autre plaisantin vient de se rasseoir et de lui tourner le dos pour observer à nouveau l'horizon.

Rally - Tire pas cette tête gamin, si tu te balades ici faut s'attendre à me voir j'habite dans la zone.

Gamin. C'était plus subtil déjà. Comme en réponse, le vent tourne à nouveau. Oh, rien de frappant, les pouvoirs du Génie du Vent n'ont pas même atteint un stade où il peut réellement provoquer une bourrasque, juste la rediriger, ce qui n'a météorologiquement et physiquement aucun sens mais je m'en fous. Mais néanmoins la bruine vient maintenant de l'endroit vers lequel le guépard regardait, augmentant les chances qu'il se prenne des gouttelettes dans les yeux.
C'était mesquin, à peine conscient de la part d'Alexandrin, et aussi complètement futile. Le nuage venait de derrière le busard, donc après quelques secondes à peine, au lieu de rediriger la bruine dans les yeux du guépard il l'en protégeait complètement. Quand la bruine cesse d'atteindre le busard lui-même, il réalise plus ou moins inconsciemment ce qu'il se passait, et le vent cesse simplement de souffler, laissant lentement la bruine se réinstaller.
Tout ceci n'a nullement empêché Rally de poursuivre.

Rally - T'es pas au courant ou bien ? Y va avoir une superbe pluie d'étoiles filantes, mieux que les années précédentes. J'ai tout préparé pour en profiter au mieux, mais au dernier moment y'a tout qui vient gâcher la soirée.

Tssk. Que de futilités.
Il lui vient l'envie de commenter que s'il avait effectivement "tout préparé", tout n'aurait pas pu être "gâché", justement. Il se contente d'hausser un sourcil consterné. Il ne lui vient même pas l'idée de considérer ça comme une invitation à partir.

Alexandrin, la Tornade - Je suis ici pour une raison. Là où je vais, c'est pour régler des problèmes.

Il n'a pas changé de position, mais sa lame luisante jaillit de son manche. Ce n'est pas une lame qui éclaire, ni qui fait le moindre bruit quand elle se déploie, mais sa teinte suffisait à se refléter dans les quelques gouttes d'eau qui se sont agglomérées sur les brins d'herbes. Dans la pénombre naissante, même de dos, il était donc assez facile de percevoir cette escalade.
Un ton plus sombre, Alexandrin poursuit :

Alexandrin, la Tornade - En es-tu un ?

Des étoiles filantes, hein ? Rien de tel pour faire baisser la garde de quelqu'un que de prétendre regarder ailleurs puis l'encourager à lever les yeux au ciel. Bien sûr, il pouvait aussi dire la vérité : le pauvre gars n'a pas l'air assez malin pour penser à apporter un manteau pour une soirée nocturne, donc concevoir des tactiques est probablement en dehors de ses capacités cérébrales. Mais on n'est jamais trop prudent - ou plutôt, Alexandrin ne prend jamais de mauvaises décisions.
Son instinct supérieur lui souffle que quelque chose cloche ici, il le trouvera.

Alexandrin

Si Alexandrin ne connaît que peu Rally, il n'a pas oublié cette façon "d'interagir" avec les autres qu'il a...

Rally - Ha ouais. T'as toujours pas changé à ce niveau là en fait, toujours avec ton p'tit air de mioche prétentieux insupportable. Tu m'étonnes que personne voulait faire équipe avec toi pendant la Résistance. Oh oh ! T'as quand même l'air d'avoir- *bla... bla... bla...* t'oses me demander si c'est moi le problème ?

...monologuer. Ce pauvre type vivait dans une telle solitude qu'il se jetait sur la première personne pour lui balancer tout ce qu'il avait ruminé pendant des jours.
Qu'il soit incapable de supporter la moindre remarque est une chose. Classique chez les gens faibles d'esprit, méprisable, mais pas réellement problématique.
Qu'il ne sache même pas répondre "non" à une question aussi simple en était une autre, plus préoccupante. Qu'il noie le poisson dans un florilège de diversions rhétoriques de bas étage n'aide pas son cas.

Alexandrin, la Tornade - Et tu oses refuser de le nier...

Un geste bref réoriente légèrement sa lame.
Dans d'autres circonstances, il aurait déjà attaqué. S'il était un robot, ou une menace évidente, laisser cet imbécile monologuer au lieu de l'exécuter sur le champ serait une perte de temps. Mais s'il lui cache quelque chose, il a intérêt à le laisser parler.
Or cette brute épaisse n'a l'air de comprendre que le langage de la force. Comme en plus il vivait en hermite, cela signifiait qu'Alexandrin ne pouvait pas coller une correction à un de ses compagnons pour lui délier la langue. Il a beau être un épéiste hors pair, le tranchant de sa lame n'a pas été conçu pour être autre chose que létal.
Fort heureusement, sa lame n'a qu'un tranchant. Frapper de l'autre côté n'éviterait pas les blessures, mais devrait prévenir les exécutions. A moins qu'il ne se jette sur la pointe de son épée, mais il ose espérer que l'instinct de survie de ce sauvage ne soit pas minable à ce point.

Le guépard aussi s'arme. Un couteau. Une allonge ridicule. Le busard était plus inquiété par son souffle que par sa petite lame rouillée. Il en avait presque un haut-le-cœur : la lame d'Alexandrin était faite de lumière et de confiance pure ; celle du guépard avait l'air forgée dans la négligence et la haine de soi comme du reste du monde.

Rally - M'enfin, si tu persistes à chercher la ¤marmite¤, je vais pas m'priver pour te sanctionner comme tu le mérites. *bla... bla... bla...*

Puis, comme un méchant de dessin animé, il répète trois fois ce qu'il vient de dire au cas où les petits enfants n'auraient pas compris, en utilisant diverses périphrases redondantes. Alexandrin profite de ce discours pour prendre une longue inspiration, et soupirer aussi lentement. C'était presque un bâillement par le nez (ou le bec, dans son cas, enfin bref). Le message, silencieux, est clair : il l'ennuie.
Le Génie du Vent a la brise dans le dos, poussant la bruine directement vers son adversaire. La main sur sa hanche, celle qui porte le bracelet, se lève à son cou, au niveau de l'anneau qui tient sa cape. Cette dernière pourrait lui servir de masque de fortune si l'autre taré essayait de lui cracher au visage.

Alexandrin, la Tornade - Et après ?

Allez, avec un peu de chance, l'autre abruti finira bien par trahir ses réelles intentions à force de déblatérer des inepties.

Superfoxy a écrit:

Et en plus il fait juste répéter 3 fois ce qu'il vient de dire différemment.

Hein ?
Je suis pas sûr qu'on s'est compris. Quand je dis ça dans ma narration c'est Alexandrin qui interprète le discours de Rally comme ce dernier qui dit 4 fois la même chose (4 variations de "vas'y j'te démonte le naze").
Tout ce que dit Alexandrin est en gras, et même si son visage en dit long, il ne dit rien de plus !

---

Alexandrin

Alexandrin a beau limiter son discours à quelques mots, le pauvre gus a l'air d'avoir du mal comprendre quand on lui répond très exactement à la dernière phrase qu'il prononce. Il aurait pu s'en douter : ce genre de guignol ne doit pas avoir l'habitude du dialogue, juste de l'escalade d'insultes.
Le guépard semble tout de même avoir suffisamment de neurones qui se touchent pour ne pas engager le légendaire Alexandrin en ayant de la pluie dans les yeux. Il recule, arme en main, probablement dans l'espoir que les feuilles de palmier l'abritent.

Rally - Bon, busard borné, on va faire vite j'ai pas ton temps pour ton p'tit manège là.

Le pauvre était infichu de formuler la moindre phrase sans y inclure une injure. Pas étonnant qu'il vive en solitaire.

Rally - Qu'est-ce que t'es venu foutre jusqu'ici pour venir m'¤bêêêp!¤ ? T'attends quoi de moi au juste ? C'est quoi ton problème ? Vas-y cause donc je suis tout ouïe.

Il se contente de… laver ?… son couteau avec sa salive. Répugnant.
Le plus grand héros de tous les temps n'est pas convaincu par cette dernière affirmation. Le guépard ne semble pas capable d'être "toute ouïe". Il est juste en quête permanente de la moindre raison de se fâcher tout rouge - jusqu'à en avoir des boutons, il semblerait.
Enfin. Que ce soit parce que son corps moribond soit sur le point de le lâcher ou par une étincelle d'instinct de préservation, le cadavre ambulant a fait l'effort de désescalader la situation. Dans son immense mansuétude, Alexandrin fait l'effort de lui répondre ce qu'il devrait déjà avoir appris, tout en s'approchant.

Alexandrin, la Tornade - Je viens régler des problèmes, et m'assurer que tu n'en es pas un.

L'illustre épéiste n'a pas lâché son arme, ni ne l'a encore brandie une fois vers le guépard : sa large lame de lumière pointe vers le sol, à un angle suffisant pour ne pas le toucher. C'est donc lorsqu'Alexandrin indique la grande feuille de palmier étalée au sol du bout de son épée qu'elle décrit son premier arc lumineux. Elle ne semble rien peser, et pourtant elle parait inexorable.

Alexandrin, la Tornade - Qu'est-ce que tu caches là dessous ?

Quelque chose attirait son attention vers cette pseudo-nappe de pique-nique. Il ne sait pas quoi mais ce doit être important. Pourquoi aurait-il essayé de rediriger son attention vers le ciel en parlant "d'étoiles filantes", sinon ?

Soit vigilant aux moments où tu fais passer le temps. Si Rally jette un coup d'œil, que trois-quatre phrases sont échangées immédiatement après, puis qu'il regarde à nouveau, le temps ne doit normalement pas avoir beaucoup évolué. Après son manège avec la nappe, ça fait déjà plus de sens, par exemple.
Dans les events "partie forum" ça ne pose pas de souci, dans le RP la cohérence chronologique est primordiale.

---

Alexandrin

Les sens du rapace ont beau être affutés, la pénombre rendait difficile de percevoir les expressions du guépard. Son attitude semble cependant se détendre. Il s'agissait soit d'une stratégie pour lui faire baisser sa garde, soit d'un soulagement parce que l'objet de son délit se trouve ailleurs.
Rally lève les mains au ciel. Il a beau visiblement jouer la comédie, il est indubitable qu'il n'est plus en position de combat, c'est déjà ça de gagné.

Rally - Okay okay bien joué j'avoue tu m'as eu, j'vais t'montrer.

Incroyable, une phrase formulée sans la moindre injure ! Pas qu'Alexandrin avait besoin d'une preuve de plus que l'hermite est en pleine interprétation d'un rôle de composition, mais il le remarque quand même. Voyons combien de temps il tiendra.

L'illustre épéiste garde son arme braquée sur la nappe, d'une part pour l'éclairer faiblement et d'autre part parce que ça le maintenait prêt à réagir en cas de coup bas. Cependant, vu le temps que mettait le quasi mort-vivant à accomplir des tâches simples, Alexandrin avait le temps de jeter un œil au reste des lieux.
Le bonhomme s'était adossé à l'arbre sans le mentionner. Il peut s'agir d'une forme de langage corporel inconscient marquant que ce qu'il cherche réellement à cacher se trouve là. Une courte bourrasque vient agiter ses feuilles, mais rien de notable n'attire son attention. Le tronc, les racines ?

Rally - Et c'est...des herbes mouillées aussi ! Comme absolument tout le reste de Green Hill ! Étonnant non ?

Peu.
Sans s'avancer, le busard inspecte l'endroit libéré et s'assure que le guépard ne s'improvise pas toréador des cocotiers. Ce n'est pas le cas. Ce dernier fait juste le malin.

Rally - Halala, ça valait bien la peine que tu m'fasses tout ce cirque pour un truc aussi flingué hein.

Plutôt, oui. Il a éliminé les zones d'ombres et sait maintenant que rien ne risque de surgir ni de l'arbre ni de la nappe. Le guépard a révélé son arme et, plus précisément, qu'il n'en cache pas d'autre. Malgré la pénombre qui s'installe, le busard a maintenant une connaissance des lieux assez exhaustive.
Il réagit donc à peine au numéro que ce clown lui a proposé - eh, c'est bien lui qui a parlé de cirque. Le busard se contente d'hausser un sourcil en gardant une mine consternée, mais dans le noir ont pourrait croire qu'il est juste resté de marbre.

Rally ressort son couteau pour s'adosser à l'arbre de nouveau. Il n'a même pas pris le temps de remettre ses victuailles sur la nappe de fortune. Toujours plus d'indices pointant vers le fait que s'il cache quelque chose, c'est plutôt du côté du végétal que de tout le bardas qu'il a amené.
Ou qu'il est si faible que se tenir debout est un fardeau. Ce gosse devait avoir son âge mais il a tellement tout d'un échappé de maison de retraite que ça n'étonne même pas le busard qu'il le considère comme plus jeune que lui.

Rally - Allez, à une prochaine hein, tu reviendras m'voir quand t'auras quelque chose de plus sérieux à suspecter, là ça fait pitié mon pauvre.

Pitié ? La blague en est presque drôle.
Circus Macrourus faisait pitié. Il était faible, abandonné, harcelé par la vie. Ce busard a disparu, laissant sa place au Plus Grand Héros de Tous les Temps.
Rally, lui, est un déchet, qui se complait dans son état de déchet. L'insolence de ce moins que rien lui donnerait presque envie de sectionner son palmier, pour la forme. Mais Alexandrin a plus de respect pour l'arbre qu'il n'en a quelque chose à faire de cette ordure. Ordure qui n'a d'ailleurs pas tenu une minute de plus sans propos insultant - cette soirée n'était pas celle des surprises.

Alexandrin contient son agacement pour se concentrer sur le plus important : Pourquoi son instinct l'a-t-il mené ici ? Son épée pointe toujours vers la nappe a présent retournée : il n'est plus vraiment menaçant envers le guépard, mais toujours prêt à riposter en cas d'attaque surprise. Il s'écarte même de Rally : il n'a pas fini de le suspecter de cacher quelque chose, mais l'individu est plus susceptible de lâcher des indices s'il croit que son manège a fonctionné.
Cependant, bien qu'il cherche à conserver son attention sur le guépard putréfié, il y a autre chose qui l'attire. Il s'éloigne à peine plus, tout en répondant, n'ayant laissé que quelques secondes de silence

Alexandrin, la Tornade - Donc je résume, ton histoire c'est que tu es venu jusqu'ici au milieu de nulle part sans lumière pour rentrer, dans l'optique de passer une soirée humide malgré ta… condition… à regarder les étoiles au sommet d'une falaise avec ton couteau en main.

Sans vraiment s'en rendre compte, voilà la bout de sa lame lumineuse plantée dans une miche de pain qu'il approche lentement de son visage, comme pour inspecter une pièce à conviction sur une scène de crime.

Alexandrin, la Tornade - Je ne vois que deux interprétations, soit tu caches quelque chose, soit tu prévois plus ou moins consciemment de ne pas passer la nuit.
Je repose donc la question, quel mauvais vent t'amène ?

En tâche de fond, il a identifié un excellent angle d'attaque de ce morceau de pain. Jusqu'ici il avait besoin de parler, donc il était activement décourager à béqueter, mais si l'autre se remettait à monologuer…

Malgré la pénombre, Rally parvient à deviner que le busard est en état d'inspection des lieux. Face à cela, son état moqueur laisse place à une confusion sincère : qu'est-ce que ce foutu Alexandrin cherche donc ici ? Et pourquoi venir vers lui maintenant en pensant qu'il cache quelque chose, comme ça au milieu de Green Hill, alors que cela fait des années qu'ils ne se sont pas parlés et ne se sont jamais appréciés ? Il doit bien l'avouer, il faisait le malin depuis tout à l'heure, mais il n'arrivait pas à comprendre les raisons qui avait poussé l'oiseau à venir jusqu'à lui. Rien ne lui semblait logique. Ca ne l'empêche pas de le laisser à son inspection, si y'a que ça pour lui faire plaisir le guépard s'amuse tout aussi bien à se foutre de sa gueule. Hé puis il y a mieux à regarder hein, le spectacle d'étoiles filantes ne va pas tarder à commencer.

Le busard finit enfin par causer. Encore à sous-entendre que Rally est suspect, bon Dieu c'qu'il est gonflant...Rally est vraiment agacé, mais il a bien comprit qu'être hostile, agressif et moqueur ne fera pas dégager le busard plus loin. Tout en restant assit, il daigne tout de même tourner la tête vers son interlocuteur pour commencer une explication rationnelle...avec une touche d'hostilité faut pas déconner quand même.

Enfin, il allait faire ça jusqu'à ce qu'il se rende compte que l'autre petit malin osait toucher son bout de pain. L'agacement s'intensifie grandement en conséquence : il se lève de surcroît, regardant l'oiseau d'un regard transperçant. Son couteau sorti, il ne passe pas à l'attaque mais se prépare à contre-attaquer car, déplaçant ses yeux sur la miche, il ne laisse pas le temps au busard de lever complètement la lame qu'il tape dans le pain d'un coup de pied du plus rapidement qu'il peut avant de le ramener d'un autre coup de pied à lui. Il agit au plus vite histoire que l'autre n'ait pas le temps de lui donner un coup avec son épée s'il l'idée lui vient. Pas question cependant de laisser passer cet affront.

Alors là tu peux aller te gratter, touche pas à ma bouffe je l'ai préparé pour la soirée. J'crois pas t'avoir donné l'autorisation de partager le repas avec moi, donc tient toi loin de la moindre p'tite miette de bouffe.

Quelques secondes passent où le guépard continue de regarder sans plisser le busard sans parler, histoire de lui faire bien comprendre le message. Il se recule par la suite un peu avant de poursuivre sur les accusations d'Alexandrin.

Bon, moi je pense que c'est la 3ème option : t'es un p'tit têtu qui n'accepte pas mes explications parce qu'il veut pas voir qu'il a tort en se disant qu'en faite je cache rien.

On va prendre tes explications bout à bout pour que tu comprennes : normal que je rentre sans lumières, je vis à Green Hill depuis des décennies, et même si y'a du brouillard l'éclairage nocturne des étoiles et de la Lune ça me suffira pour me retrouver.

Soirée humide nan c'était pas prévu, mais ma "condition" comme tu dis m'a fait connaître pire que ça. Quand t'es en permanence malade le froid t'en as, disons, un peu rien à foutre, y'a d'autres sensations désagréables dans ton corps pire encore qui te laisse pas le temps de te rendre compte qu'il fait froid.

Oui chuis en haut d'une falaise, et alors y'a quoi de bizarre ? Chais pas toi mais moi quand je veux voir l'horizon j'aime pas que y'a du relief en face de moi, normal que je me perche en hauteur. Toi qui inspecte depuis tout à l'heure t'aurais du remarquer qu'on a une belle vue hein...'fin sans compter la bruine. Bref.

Quant au couteau c'est une habitude, il est toujours dans ma main ou ma poche parce qu'il me sert souvent. Toi t'as bien tout le temps ton épée avec toi et pourtant personne va venir te poser sur ça, je vois pas pourquoi j'aurais pas le droit d'avoir un couteau avec moi.

Donc est-ce que maintenant tu vas arrêter d'être parano et comprendre que je cache rien où tu veux continuer à jouer les détectives privés ? Parce qu'à ta même question je réponds la même chose : je suis venu voir les étoiles filantes. Maintenant si tu m'crois pas écoute, ça m'empêchera pas de les regarder. T'auras qu'à attendre ici avec moi si t'es méfiant, tu te rendras bien compte tout seul en regardant le ciel de ta connerie.

Alexandrin

Son résumé semble toucher le guépard qui se lève et s'avance dans la lueur de l'épée brillante. Avant qu'il n'ait le temps de partager ses interprétations, il a l'audace de donner un coup de pied… dans la lame.
Non. Dans la miche de pain.

Rally - Alors là tu peux aller te gratter, touche pas à ma bouffe je l'ai préparée pour la soirée. J'crois pas t'avoir donné l'autorisation de partager le repas avec moi, donc tiens-toi loin de la moindre p'tite miette de bouffe.

Alexandrin passe les quelques secondes qui suivent sans bouger, mais à fixer le guépard d'un regard qui se voulait neutre, mais qui masquait mal l'intense furie dans ses yeux. Le tranchant de sa lame encore à mi-chemin en l'air semble légèrement se denteler à mesure qu'il imagine une série de scénarios dans lesquels il exécute ce malotru comme un samouraï expert en tameshigiri découpe des tatami omote. Dans celui-ci, le guépard n'a pas le temps de reposer sa jambe qu'elle tombe au sol, sectionnée proprement. Dans celui-là, c'est sa tête qui tombe au sol comme une poupée cassée. Et dans un autre encore, son torse finit au sol quand le bas de son corps reste debout.

Pourtant, après cet intense silence, l'illustre épéiste n'a toujours pas bougé. Le tranchant de sa lame est redevenu normal. Son ton n'a pas changé. Il énonce ses interprétations et pose sa question comme si rien ne s'était passé.
Et Rally lui répond longuement.

Rally - Bon, moi je pense que c'est la 3ème option : t'es un p'tit têtu qui n'accepte pas mes explications parce que *bla bla bla*

Alexandrin n'écoute que d'une oreille. Dans tous les scénarios qu'il a envisagé, sa victime est complètement déshumanisée. Il a tranché tellement de robots au temps de la Résistance que le réflexe de la violence face à des machines de guerre a contaminé sa façon de penser.
Ce n'est pas bon. Il n'a rien à gagner à faire couler le sang d'un hermite qui croit que les étoiles illuminent son chemin la nuit. C'est pour ça qu'il ne l'a pas fait, mais ce n'est pas normal qu'il se soit désensibilisé au point d'analyser la personne devant lui comme un être inorganique.

Rally - …Parce qu'à ta même question je réponds la même chose : je suis venu voir les étoiles filantes. Maintenant si tu m'crois pas écoute, ça m'empêchera pas de les regarder. T'auras qu'à attendre ici avec moi si t'es méfiant, tu te rendras bien compte tout seul en regardant le ciel de ta c¤nnerie.

Se pourrait-il que ce soit quelque chose d'aussi simple qui ait attiré son instinct ici ? Assister à quelque chose de simple, sans problème à régler ni ennemi à pourfendre ?
Peu probable. Mais vu que l'autre semble être passé de "dégage" à "reste avec moi pour voir", il peut gagner du temps. Il abaisse enfin son épée, sans la ranger : c'est loin d'être une lampe torche, mais son éclat doré lui permet tout de même de mieux discerner son environnement immédiat.

Alexandrin, la Tornade - Soit. Voyons si ton histoire se confirme.
T'es sûr que tu veux pas de l'aide avec ton panier-repas pour finir de le jeter par dessus bord ?

L'envie inavouée de piquer dans le pain lui est passée après le coup de patte du guépard. Non parce qu'il lui fait peur, mais que si après avoir tout fichu par terre il n'hésite pas à flanquer des coups de pied dans ses victuailles - surtout aussi vifs et au bord d'une falaise - elles doivent être encore plus que viciées que la nourriture utilisée comme munition dans les cantines d'écoles dissipées.