Tails Generations
Un bel après-midi d’été sur Mobius, dans l’atelier de Tails :
- Il faut absolument que je le termine ! Il doit être prêt pour demain !
Le renard à deux queues était encore en train de travailler sur un projet. Un projet très… secret. Le museau dans le cockpit de l’appareil, il daigna regarder plus au-dessus et aperçu de nouveau la date sur le calendrier. Nous étions en juin, plus précisément le 22… Tails se remit au travail avec encore plus d’ardeur…
Le 23 juin, le matin. Tails se leva aux aurores. Il émit un long bâillement, il s’était encore une fois couché très tard. Néanmoins, un sourire demeurait sur ses lèvres : il avait réussi les dernières retouches dans les temps.
- Cette journée risque bien d’être mémorable. J’espère que Sonic sera content de son cadeau, se dit-il.
Mais fêter l’anniversaire de Sonic était loin d’être une promenade de santé. En effet, l’hérisson supersonique n’avait aucune considération du temps passé à courir, et cela valait de même pour son anniversaire. Il fallait imaginer la pauvre Amy, chaque année, son gâteau dans les mains, qui essayait de rattraper le hérisson n'ayant même pas aperçu le cadeau confectionné avec tant d’amour !
Tails n’était pas de ce cas. Pas aujourd’hui. D’abord puisque son cadeau était plus que visible. Ensuite, puisqu’il pouvait rattraper le hérisson.
Tails enclencha la merveille : son hélice virevolta comme dans l’ancien temps. Il était visiblement très enthousiaste rien qu’à entendre ce son qui ramenait ses souvenirs anciens : South Island, le Death Egg…
Le Tornado, rouge, premier du nom, parfaitement authentique, sortit alors de l’atelier pour un envol aussi magnifique que dans son temps. C’était l’avion le plus parfait au monde, le manche était maniable au possible, toute la mécanique répondait au quart de tours, Tails connaissait les moindres recoins du tableau de bord…
- Yahou ! Il n’a pas changé ! s’amusait le renard. Il ne me reste plus qu’à trouver Sonic maintenant !
Cependant, alors qu’il regardait attentivement le sol, une ombre gigantesque parut ternir les rayons du soleil. Enfin… c’est ce que crût d’abord apercevoir Tails ! Car en fait, ce n’était pas seulement le sol, mais aussi le ciel qui disparaissait, engloutis dans une vaste obscurité. Bientôt, Tails ne vit plus rien et il fut paniqué de se retrouver dans le noir.
« Enfin bon… Ca pourrait être pire. Il pourrait y avoir un ora… »
Un éclair jaillit tout à coup de l’obscurité et le pilote en fut si surpris qu’il resta un long moment paralysé de terreur. Pire ! L’aile droite de l’avion avait été touchée et l’appareil commençait à effectuer un piqué en direction du sol.
Retrouvant son courage, Tails réussit par s’extraire du cockpit et à voler jusqu’à une corniche non loin… tandis que le Tornado s’empalait tristement dans la mer.
- Non… Mon Tornado. J’avais mis tellement de temps…
Il pleuvait des cordes et Tails resta un long moment à regarder les restes de son avion. C’était peut-être le moment le plus triste qu’il n’ait jamais vécu : son cadeau avait été détruit, il était seul et il ne savait même pas pourquoi tout cela s’était passé ainsi.
- Sonic ! cria-t-il, espérant que ce dernier puisse l’entendre.
Dans les moments difficiles, son ami était toujours apparu. Toujours là pour le réconforter. Mais pas cette fois :
- Sonic ? Toi aussi tu le cherches ? fit une voix derrière lui.
Se retournant, il vit l’exacte réplique de lui-même. Enfin, en modèle réduit quant même. Avec un pelage plus foncé. Et des chaussures un peu plus pointues.
- Wah ! C’est fou comme tu me ressembles ! s’écria tout d’abord Tails.
- C’est à peu près ce que je me disais aussi, répondit son double. Je n’avais jamais vu quelqu’un comme moi avant.
- Quelqu’un comme toi ? Ah oui, bien sûr…
Des renards, il y en avait pléthores sur Mobius. Mais des renards à deux queues, ça, c’était des cas assez rares ! Trop rares… Tails commença à comprendre.
- Dis-moi… On est quel jour aujourd’hui ?
- Le 16 octobre, pourquoi ?
A peine eut-il prononcé ces mots que l’ensemble du décor se fit plus clair, découvrant les collines de l’Emerald Hill. Tout faisait sens.
- Ouah ! C’est un rêve ?!!! s’exclama-t-il devant ce paysage si familier.
- Bah non, pourquoi tu dis ça ?
- Heu… non rien, c’est juste que c’est très beau ! se ravisa soudain Tails, gêné.
- Haha ! T’es marrant ! apprécia son double.
Tails avait rapidement comprit que ce petit renard qui lui ressemblait n’était autre que lui-même dans le passé ! Mais ce dernier ne savait pas qui il était, lui. Et sûrement ne devait-il mieux pas savoir…
- C’est quant même étrange… murmura son passé.
- Ah ?
- Sonic… il était là il y a deux minutes. Et pouf ! Il s’est volatilisé !
- Bah, ça ne le change pas.
- Oui, mais comment expliques-tu ce… ce « blanc » là-bas ?
Il montra du doigt les environs et Tails remarqua en effet que quelque chose n’allait décidément pas avec le paysage. Les collines, autrefois si verdoyantes, paraissaient ternes et blanchies par on ne sait quel phénomène.
- Je confirme, c’est vraiment très, très étrange, affirma Tails.
- Il faut faire quelque chose ! estima son double. Mais d’abord, il nous faut retrouver Sonic.
Tails opina d’un hochement de tête. Au moins, ils n’avaient pas de mal à se mettre d’accord. Et ils se ruèrent ensembles à travers les collines de l’Emerald Hill. Mais, ce qu’ignorait Tails, c’est que ce voyage allait le changer.
Que feriez-vous si vous étiez amené à partager un long et périlleux voyage avec vous-même ? Ce que Tails vécut ces jours-ci le changea complètement. Il dut faire face à ses peurs, réconforter son double du passé, prendre des initiatives, mais aussi recevoir de l’aide de la part de son ancien lui.
Non, Sonic ne viendrait plus les sauver dorénavant. Ils étaient devenus bien plus forts. Et, malgré les journées passées à le chercher, ils ne le retrouvèrent que très longtemps après.
Ils couraient à travers une rangée d’arbres. Le crépuscule s’installait. Ce parut être une course infinie. Mais jamais ils ne perdirent l’espoir. Dorénavant, c’est à Tails que revenait la tâche de sauver son ami de longue date. Il était devenu celui qu’il avait toujours rêvé d’être…
Et il ne fut plus jamais question de croire suffisamment en lui.